Les expériences progressistes latino-américaines du début du xxie siècle ont fait couler beaucoup d’encre, mais relativement peu du point de vue des évolutions du syndicalisme qui les ont accompagnées et/ou qu’elles ont favorisées. On peut y voir le résultat d’un désintérêt plus général pour le fait syndical (et pas uniquement en Amérique latine) depuis plusieurs décennies, mais aussi une conséquence du rôle objectivement moins central (voire parfois marginal) que le syndicalisme a joué dans l’avènement et le déploiement de ces expériences. C’est que celles-ci sont intervenues après une « longue nuit néolibérale » qui a eu des conséquences dévastatrices pour l’action syndicale dans la région. Augmentation du chômage, du travail informel et plus largement de la précarité des conditions de travail, diminution ou perte du lien historique avec l’État ou encore augmentation parallèle du pouvoir structurel du capital. Tout ceci est en effet venu miner à la fois l’efficacité et la légitimité du pouvoir des syndicats latino-américains dans ses différentes dimensions (structurelle, organisationnelle, institutionnelle ou encore idéologique).