Les Égyptiens sont appelés aux urnes du 26 au 28 mars pour désigner le président de la République. S’il fallait un mot, un seul, pour caractériser ce processus que l’on peut difficilement qualifier d’électoral, celui qui vient immédiatement à l’esprit est « pantalonnade », une représentation théâtrale mêlant ridicule et hypocrisie. Car la scène a été soigneusement nettoyée pour éliminer tout acteur qui pourrait faire de l’ombre à la vedette, le président Abdel Fattah Al-Sissi, candidat à sa propre succession.
Ainsi, on ne compte plus les responsables politiques qui ont été disqualifiés sous les prétextes les plus farfelus. Et d’abord, l’ancien premier ministre Ahmed Chafik, qui avait obtenu plus de 48 % des suffrages au second tour de l’élection présidentielle de 2012 — la seule de l’histoire du pays qui ait été démocratique — face à Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans. Ayant annoncé sa candidature à partir d’Abou Dhabi où il était réfugié, il a été mis de force dans un avion pour Le Caire. Il a fallu quelques semaines d’« amicales pressions » pour le contraindre à renoncer.