Interview réalisée et texte rédigé par Hélène Destombes (VN, Rome).
Ce lundi déjà, le gouvernement nicaraguayen annonçait la libération de 50 prisonniers politiques, en vertu d’une loi d’amnistie décriée par l’opposition, qui y voit une manière de couvrir les exactions commises contre les manifestants par la police et les paramilitaires.
La loi prévoit par ailleurs que les prisonniers politiques libérés doivent « s’abstenir » de participer à de futures manifestations d’opposition.
Selon Bernard Duterme, spécialiste de la région, si l’opposition « se réjouit de ces libérations », elle est dans le même temps très critique envers la loi d’amnistie qui « octroie l’impunité à tous les responsables de la répression ». Alors que le pays « s’effondre économiquement », le gouvernement « tente d’assouplir les menaces de sanctions internationales » et « lâche du lest » en libérant les prisonniers. Il cherche aussi à « gagner du temps dans les négociations qu’il mène avec une partie de l’opposition ».
En avril 2018, des manifestants étaient descendus dans la rue pour protester contre une réforme de la sécurité sociale. Cette contestation s’était transformée en mouvement demandant le départ de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007. Des manifestations durement réprimées, les violences avaient fait au moins 325 morts et 2000 blessés.