À paraître en décembre 2024 (pré-commandes ci-dessous)
L’Ukraine et Gaza ont abruptement remis la guerre au centre des agendas occidentaux. La médiatisation (différenciée) au Nord de ces deux affrontements ne doit cependant pas occulter la permanence, la multiplicité et l’intensité des conflits armés au Sud. Du Soudan à la Birmanie, en passant par le Yémen, une cinquantaine de conflits étatiques sont en cours, auxquels il convient d’ajouter les guerres « transversales » déclarées au terrorisme, au narcotrafic, aux gangs. Et les paix meurtrières.
Dans un contexte d’insécurité et de violences accrues – à la fois réelles et perçues –, la militarisation de la politique semble s’affirmer. Les prérogatives des armées s’étendent, des militaires accèdent – par la voie légale ou par un coup d’État – au pouvoir, tandis que nombre de gouvernants surenchérissent sur le virilisme et la manière forte, dans une sorte de populisme punitif.
Marqueur d’une délégitimation de la démocratie, cette hybridation politico-militaire oppose les prétendues vertus de forces armées morales, efficaces et nationalistes à des gouvernements peu représentatifs, incapables et corrompus. Elle tend, ainsi, à brutaliser les rapports sociaux, à naturaliser la violence étatique et à banaliser les états d’exception, mettant à mal le contrôle des institutions, la défense des droits et la protestation sociale.
Illustration de couverture : Isan (Flickr) - Militarización México.