En 2011, un vaste mouvement étudiant descend dans la rue pour réclamer une réforme de l’enseignement public, délaissé au profit du secteur privé par dix-sept ans de dictature néolibérale d’Augusto Pinochet (1973-1990). Fin 2019, une augmentation du prix de certains services publics ranime la contestation qui prospère sur le thème de la lutte contre les inégalités sociales. Le gouvernement de droite du président Sebastian Piñera l’apaise en concédant la tenue d’un processus de révision de la Constitution qui, adoptée sous l’ère Pinochet, fait la part belle aux idées ultralibérales. En octobre 2020, 78% des Chiliens approuvent le principe de sa modification lors d’un référendum. Une assemblée constituante est mise en place le 9 juillet 2021 pour la rédiger. Elle doit terminer ses travaux en juillet 2022 en proposant une nouvelle loi fondamentale qui sera soumise à approbation lors d’une nouvelle consultation populaire. Le Chili soldera-t-il enfin l’héritage de la dictature de Pinochet ?
Le nouveau chef de l’Etat, Gabriel Boric, élu lors du second tour de l’élection présidentielle le 19 décembre, devrait y contribuer, lui qui, de gauche, a accompagné tous les mouvements sociaux depuis 2011 et a écarté du pouvoir José Antonio Kast, son dernier rival qui se revendiquait l’héritier du dictateur. Quand il entrera en fonction le 11 mars 2022, Gabriel Boric aura 36 ans. Il pourra se targuer d’un succès spectaculaire. Mais pour marquer profondément l’histoire du Chili, il lui restera le plus dur à réaliser.
Revue des enjeux de cette présidence avec Frédéric Thomas, chargé d’études au Centre tricontinental (CETRI) à Louvain-la-Neuve.
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