C’est avec stupeur et colère que nous avons appris l’arrestation, ce lundi 8 août, aux Philippines, de Walden Bello, intellectuel et activiste philippin bien connu, figure majeure du mouvement altermondialiste, ancien parlementaire, récent candidat à la vice-présidence des Philippines, et collaborateur régulier du CETRI.
Walden Bello est poursuivi pour des propos qu’il a tenus dans le cadre de la campagne électorale à l’encontre d’un collaborateur de la nouvelle vice-présidente, Sara Duterte, en vertu d’une loi controversée, adoptée en 2012, instituant un nouveau crime de « cyber-diffamation ». Sous couvert de lutte contre la désinformation en ligne, cette loi est en effet régulièrement utilisée pour faire taire des opposants au régime, à l’image de la journaliste Maria Ressa, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2021 et critique de longue date de l’ancien président Rodrigo Duterte, arrêtée en 2019 pour des faits similaires.
L’arrestation de Walden Bello constitue donc une attaque de plus contre la liberté d’expression et le droit fondamental des Philippins et Philippines à pouvoir critiquer le pouvoir en place. Elle est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient quelques mois à peine après des élections présidentielles remportées par Bongbong Marcos, le fils du dictateur déchu Ferdinand Marcos, et Sara Duterte, la fille de Rodrigo Duterte, dont le mandat avait déjà été marqué par un recul sans précédent des droits humains aux Philippines depuis la chute de la dictature en 1987.
Il n’aura donc pas fallu longtemps à la nouvelle administration pour s’attaquer à son tour à ses opposants, envoyant de ce fait un terrible avertissement à tous ceux et toutes celles qui souhaitent lutter pour des Philippines plus justes, plus démocratiques, plus solidaires et plus en phase avec les défis environnementaux actuels. Cette situation est inacceptable et elle doit être dénoncée.
C’est pourquoi le CETRI se joint à de nombreuses organisations et personnalités à travers le monde pour exiger l’abandon des charges qui pèsent sur Walden Bello, l’abrogation de la disposition sur la diffamation et la désinformation en ligne en vertu de laquelle il est poursuivi (avec d’autres) et le respect des droits fondamentaux de tous les Philippins et Philippines. Nous en appelons également au gouvernement belge et à l’Union européenne à soutenir les organisations sociales philippines qui font pression en ce sens sur leur gouvernement.