La Chine a repris pied en Afrique. Bousculant l’agenda du développement et redéfinissant les équilibres géostratégiques, elle s’impose comme l’un des principaux partenaires commerciaux, fournisseurs d’aide et investisseurs du continent. Menace ou opportunité, cette présence croissante et multiforme suscite la polémique. La Chine sape-t-elle les efforts de la « communauté internationale » en faveur de la « bonne gouvernance », des « droits de l’homme » et de la « démocratie » ? N’oeuvre-t-elle pas, derrière un discours de solidarité Sud-Sud, à la seule poursuite de ses intérêts : accaparement des ressources, conquête de nouveaux marchés, élargissement de ses appuis diplomatiques ? La Chine ne reproduit-elle pas en Afrique les formes de dépendance et de division internationale du travail héritées de la période coloniale ? A l’inverse, n’offre-t-elle pas plutôt une alternative salutaire au modèle de développement occidental et à la « tyrannie de la dette et des conditionnalités », après trois décennies d’ajustements structurels désastreux sur le plan économique et social ? Quels sont les véritables enjeux et les implications de l’engagement chinois en Afrique ? Au-delà de la diabolisation a priori ou de l’acceptation béate, quel est le regard porté par les premiers concernés, sur la nature de ce nouveau rapprochement sino-africain, sur ses effets et sur les défis qu’il pose aux populations locales ?