Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales ont poussé des milliers d’habitants d’un quartier défavorisé de la capitale haïtienne à fuir leur logement et à se réfugier auprès de familles d’accueil ou dans un gymnase de la ville voisine.
« Port-au-Prince, c’est notre ville, on ne peut pas la laisser devenir une zone de non-droit », a affirmé, dimanche 20 juin, le président Jovenel Moïse, de retour d’un voyage officiel en Turquie. Devant l’urgence de la situation, les Nations unies ont débloqué un million de dollars, a appris l’AFP.
Des promesses mais pas de volonté
De son côté, le président haïtien a promis une aide aux déplacés et un renforcement de la police nationale. Un simple effet d’annonce face à des gangs qui gagnent tous les jours du terrain, estime Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques et chargé d’études pour l’ONG Centre tricontinental (CETRI) : « Je pense qu’il n’a ni les moyens, ni la volonté politique. Ces gangs jouissent d’une impunité quasi générale, ils ne sont pas confrontés à la police. On est dans une phase de pourrissement. Donc, jusqu’où la descente en enfer va se poursuivre ? Depuis deux, trois jours, des gangs sont apparus dans le haut de la ville, cela touche plutôt les classes moyennes et aisées. Une extension des gangs, une radicalisation des conflits entre les gangs, qui se font évidemment en vue des élections. L’enjeu, c’est aussi de contrôler les territoires, pour contrôler les bureaux de vote ».
Une situation critique
Port-au-Prince est quadrillée et bloquée par des bandes armées, sans aucune intervention de la police, ni du gouvernement « qui a attendu une quinzaine de jours pour intervenir et n’a fait qu’un discours. Il n’a fait rien d’autre », déplore Frédéric Thomas.
Relativement épargné par l’épidémie jusqu’ici, Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, connaît de plus une augmentation des cas de Covid-19 depuis le mois de mai, après détection sur son territoire des variants Alpha et Gamma.