L’article du Soir, avec les analyses de Frédéric Thomas.
La guerre en Ukraine, terrible déflagration en territoire européen, a, depuis un an, largement monopolisé l’attention en Occident. D’autres crises et conflits, dévastateurs mais plus lointains, du Yémen à la Birmanie en passant par l’Ethiopie, sont restés dans l’ombre. Comment expliquer cette indignation sélective ?
« Il y a d’abord une bonne touche de racisme : les responsables politiques se préoccupent nettement plus des visages blancs que de ceux d’autres couleurs ! », décode Andrew Stroehlein, directeur média en Europe pour Human Rights Watch. « Il y a aussi l’effet kilomètre, bien naturel : si la maison de votre voisin brûle, cela vous préoccupera plus que si ça se passe de l’autre côté de la ville. Et enfin, le fait que ce soit la Russie, puissance nucléaire, qui commette cette agression contre l’Ukraine renforce l’ampleur de la menace. »
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« Ce qui se passe en Haïti s’apparente à une guerre qui ne dit pas son nom », décode Frédéric Thomas, chargé d’études au Cetri et spécialiste de Haïti. « Une guerre contre la population, avec un haut niveau d’enlèvements accompagné de viols systématiques et d’homicides, qui n’a cessé de grimper en intensité. »
« Tant que les bandes armées continuent à contrôler la plus grande partie du territoire, on peut doubler l’aide humanitaire, mais ça ne va pas résoudre la situation. La seule solution, c’est une transition de rupture telle qu’imaginée par la société civile en août 2021. Avec enfin des enquêtes sur les crimes les plus graves. L’actuel gouvernement tente de vendre à l’international des élections cette année, mais dans le climat actuel, elles ne seront ni libres ni représentatives »
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