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Haïti : « Parler de malédiction vise à esquiver les responsabilités »

Le 14 août, un tremblement de terre a de nouveau frappé Haïti. Bilan : plus de 2 200 morts et des milliers de blessés. Derrière, le manque criant de dispositifs et de structures adéquats. Un état de fait perpétué par les agissements d’une classe politique oligarchique, dénonce Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques et chargé d’études au Centre tricontinental (CETRI), en Belgique.

Onze ans après le tremblement de terre qui a coûté la vie à plus de 250 000 personnes, l’exaspération des Haïtiens continue de grandir. L’île a subi pas moins d’une quinzaine de catastrophes naturelles en une décennie, sans jamais être capable de faire face, preuve d’une incurie politique. Les mobilisations de 2018 démontrent une volonté de rupture vis-à-vis d’un système oligarchique.

Quelle est votre réaction à la catastrophe qui a frappé Haïti, un pays et une société déjà fortement fragilisés ?

Frédéric Thomas : Le drame du 14 août démontre que les leçons de 2010 (en janvier, un tremblement de terre faisait plus de 250 000 morts – NDLR) n’ont pas été retenues. Le pays n’a pas de planification, de programme de prévention, ou construit des abris. Onze ans après, la population et la protection civile sont finalement mieux préparées. Mais elles manquent de moyens et d’institutions publiques efficaces. Il n’y a aucune prise en compte de la géographie de l’île. Haïti est sur une faille sismique, sur la route des cyclones et un des États insulaires qui vont être le plus marqués par le réchauffement climatique. Tout cela constitue un contexte énorme de vulnérabilité. Mais aucune politique publique n’est développée pour y répondre.

Ce séisme aurait fait bien moins de victimes ailleurs. Il existe donc une forte exaspération de la population par rapport à la répétition de ces catastrophes naturelles tous les deux à trois ans. L’État ne répond pas à ces menaces et aux demandes de la société. En plus, le tremblement de terre a affecté la partie sud du pays, coupée de la capitale depuis juin. La seule route qui relie les deux parties de l’île se trouve sous le contrôle des bandes armées. Dans un pays centralisé, où tout se décide à Port-au-Prince, cela pose d’énormes problèmes.

Pourquoi Haïti apparaît si mal préparé à ce type de catastrophe ?

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Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e et ne reflètent pas nécessairement ceux du CETRI.