Coalitions à géométrie variable bloquant les négociations au sein de l’OMC, rejet du projet étasunien de Zone de libre-échange des Amériques, réactivation des débats au sein de la CNUCED, sommet du Mouvement des non-alignés, ALBA… autant de manifestations de la capacité retrouvée des nations du Sud à questionner collectivement un ordre mondial qui leur est nettement défavorable. 25 ans après la marginalisation par l’administration Reagan des enceintes où le « tiers-monde » pouvait faire entendre sa voix sur la scène internationale, ce regain d’activisme diplomatique au Sud traduit l’émergence de nouvelles puissances qui aspirent à un rôle géopolitique plus en phase avec leur poids démographique et économique et refusent d’accepter plus longtemps le double langage du Nord en matière de libéralisation commerciale. Plus fondamentalement, il témoigne de l’épuisement d’une hégémonie – celle du « Consensus de Washington » – et exprime l’existence d’une volonté, largement partagée, de se ménager de nouvelles marges de manœuvre politiques et économiques en vue de récupérer la maîtrise de son insertion dans la mondialisation. Les reconfigurations à l’oeuvre sonnent-elles le réveil de l’esprit de bandung. A quelles conditions un « tiers-monde » hétérogène aux intérêts passablement divergents peut-il modifier durablement les déséquilibres qui caractérisent les relations Nord-Sud ? Quelles sont les coalitions en présence et à quelles stratégies géopolitiques renvoient-elles ?