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Afrique : les activistes dénoncent les autocrates

Les analyses de François Polet, chercheur au CETRI, reprises par la Deutsche Welle.

Des mouvements de jeunes constatent la multiplication des troisièmes mandats. Pourtant, pour eux, il va falloir aussi s’adapter.

Réécouter l’intervention de François Polet sur la Deutsche Welle dans Info Matin, le 15.12.2020 :

L’article du 14.12.2020 :

La deuxième édition de l’Université Populaire de l’Engagement Citoyen (UPEC) se tient du 14 au 16 décembre à Dakar, au Sénégal. Deux ans après la première édition, cette fois-ci, la rencontre est hybride, pour cause de pandémie : 50 activistes ont fait le déplacement et les autres participent en ligne.

« Quelle place pour les mouvements citoyens face aux poussées autocratiques ? » : voici le thème qui rassemble la centaine d’activistes réunis au sein de l’UPEC cette année.

Pour Fred Bauma, membre du mouvement citoyen « La Lucha » présent à Dakar, cette rencontre est aussi une manière de se positionner et de redonner une direction à leur lutte :

« Le thème de cette année, c’est d’interroger les mouvements citoyens face à la montée des régimes autocratiques et comme on peut l’imaginer avec la multiplication des 3èmes mandats y compris dans des pays où on ne s’y attendait pas, cela renforce la pertinence d’une rencontre comme celle-ci sur le rôle qu’on doit jouer. »

« Des registres moins protestataires »

Ces mouvements citoyens ont connu leur apogée il y a quelques années mais ils rencontrent désormais plusieurs difficultés. Est-ce dû au modèle de financement ? A leur fonctionnement ? A leurs ambitions ?

François Polet, chercheur au Centre tricontinental et doctorant à l’Université de Liège, en Belgique, constate que «  Dans l’ensemble, les mouvements citoyens demeurent centrés sur la promotion des mêmes principes de citoyenneté, de prise de responsabilité de la jeunesse par rapport à la chose publique, de refus de la gestion clientéliste de l’Etat mais ils ont adopté des registres moins protestataires que pendant la période précédente allant de 2012 à 2017  ».

«  Ils sont sur des activités plus classiques qui ressemblent davantage à celles menées par la société civile traditionnelle qu’ils ont beaucoup critiquée par ailleurs et donc ils sont davantage dépendants de la coopération internationale et des programmes qu’elle finance  », ajoute François Polet qui a fait son doctorat sur les mouvements citoyens en RDC.

Selon Fred Bauma, activiste au sein de « La Lucha », l’heure est au questionnement.

« Le contexte est tel que la multiplication des mouvements citoyens coïncide avec une certaine poussée autocratique ; ce qui nous pousse à questionner nos moyens, nos méthodes et notre stratégie », explique l’activiste congolais.

Les activistes discuteront jusqu’au 16 décembre à Dakar pour tenter de relancer leur dynamique de lutte.

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Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e et ne reflètent pas nécessairement ceux du CETRI.